L’abbé Paul Six, missionnaire du travail - R. Cuvelier

Les Hellemmois ont été, sans doute plus que d’autres, sensibles à la fi n de l’expérience des prêtres ouvriers, la commune étant un des hauts lieux de leur histoire avec la figure emblématique de l’abbé Paul Six dont la tombe se dresse à l’entrée de notre cimetière.

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Au début du siècle dernier, en 1907, l’abbé Paul Six était nommé curé de Saint Denis. Il se souvenait d’une phrase de l’avocat lillois Gustave Théry, conseil juridique de l’archevêque de Cambrai qui, le 28 janvier 1892, avait affirmé : “ Si l’ouvrier est pauvre, c’est normal car Jésus a dit “ Vous aurez toujours des pauvres parmi vous ”, l’humiliation de la pauvreté est voulue de Dieu ”. Ce n’était pas l’avis de Paul Six qui se référait à l’encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII, lequel demandait aux prêtres de quitter leurs sacristies et leurs presbytères pour aller à la rencontre des masses ouvrières qui désertaient les églises.

Né en 1860, rue des Fabriquants à Roubaix, dans une famille de Tisserands, il savait tout de la condition de l’ouvrier. Il avait fondé avec Jules Decoopman à Tourcoing, un syndicat textile chrétien et en 1894, lancé la revue “ la démocratie chrétienne ”, organe des catholiques sociaux. On lui reproche de parler aux ouvriers de choses qu’il vaut mieux taire et on l’accuse de fl irter avec la franc-maçonnerie, les gauches et même les marxistes. Paul Six avait en effet engagé le dialogue au cours de réunions contradictoires. Cela lui vaudra d’être déplacé à Boussières, dans le Cambrésis.

En 1983, au congrès chrétien de Lille, il rencontre le cheminot hellemmois Léon Viellefon qui lui décrit la dure condition ouvrière. Pendant le même temps se développe le guesdisme et le Parti Socialiste unifi é passe de 35.000 membres à 90.000 en quelques années. La CGT progresse également. Un an avant d’être nommé curé, Paul Six vient en 1906 à Saint Denis, exposer le programme social de l’Eglise. Encouragé par Paul Clermont, il publie “ page de sociologie chrétienne ” avant de fonder une caisse ouvrière. Après que deux militants socialistes eurent mis le militant chrétien Charlemagne Broutin au défi de prouver l’existence de Dieu, Paul Six met en place une série de conférences dans la salle du cabaret de l’Alliance. Mais les choses se gâtent quand en 1910, Pie X condamne le mouvement social-chrétien “ le Sillon ”.

En 1914, Paul Six est déplacé à Bourghelles. Les acquis sociaux progressent pendant ce temps et le 3 mai 1920 voit l’abbé placé à la tête des œuvres sociales du diocèse de Lille. Les choses se gâtent et en janvier 1924, le président du consortium textile de Roubaix-Tourcoing qui a rencontré Mussolini, dépose une plainte au Vatican contre les syndicats chrétiens. Alors que le Front Populaire éclate, Paul Six meurt à Cassel, entouré d’une poignée de jocistes.

Son souvenir est encore vivant à Hellemmes, même si le 1er mars 1954, le Vatican a mis fi n au mouvement des prêtres ouvriers, obligeant l’abbé Jacques Crespel, prêtre ouvrier à Fives-Lille, à se soumettre.

Texte : La voix du Nord - Dessin : R. Cuvelier


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