L’enfer du Sud et le paradis du Nord - R. Cuvelier

Avec le Paris-Roubaix cycliste, les médias évoquent chaque année “ L’enfer du Nord ”. Il fut pourtant une époque où les chroniqueurs parlaient de notre région comme d’une terre promise, c’est-à-dire d’un “ paradis ”du Nord.

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En 1386, il y a plus de six cents ans, avec la création de la Chambre des comptes à Lille par Philippe le Hardi, la capitale des Flandres devient la capitale administrative de la partie la plus peuplée, la plus urbanisée, la plus industrialisée de l’Etat le plus prospère d’Europe, “ Les PaysBas bourguignons ”, qui s’étendent de la Picardie à la Mer du Nord en passant par l’Artois et le Hainaut. Thomas Basin, évêque de Lisieux écrivait : “ Inutile d’indiquer au voyageur la limite où l’on passe des terres de suzeraineté bourguignonne en terre de France. A peine avez-vous posé le pied dans le royaume que l’aspect de la contrée devient sordide et raboteux : champs incultes, ronces et buissons, de rares cultivateurs, hâves et exsangues, couverts de haillons ; dans les villes et les villages, des ruines nombreuses demeurent vides d’habitants, et dans celles qui sont occupées, un mobilier vulgaire, insuffisant, tableau de la misère, de la dépression et de la servitude ; mais nous voici sous le gouvernement bourguignon : tout fleurit, resplendit, s’élève ; nombreux sont les villes et les lieux fortifiés ; la population abonde, les maisons sont variées et de brillant aspect, remplies de beaux meubles, les champs sont cultivés, les clôtures en bon état ; nles gens, bien vêtus, ont des figures riantes. ”

Louis XI quittant Genappe pour aller se faire sacrer à Reims, vécut ce contraste entre la richesse des Etats de son oncle de Bourgogne et son propre royaume. Quelque part, sur la Somme, on changeait de monde : il en fut positivement enragé. Commynes a bien saisi les raisons de cette prospérité une longue paix et un sage gouvernement : “ Ces terres se pouvaient mieux dire terres de promission que nulles autres seigneuries qui fussent sur la terre. ” Jacques Du Clercq ajoute cette image : “ Et n’y avait sy petit compagnon de mestier qui n’eust une longue robbe de drap jusque aux tallons. ”

Les Etats de la maison de Bourgogne furent les premiers en Europe à connaître le grand mouvement de renouveau qui, à partir de 1450, a préparé les changements économiques et sociaux du XIVe siècle. Il y eut d’abord essor démographique : avant et plus que d’autres, la société bourguignonne était redevenue jeune et dynamique. En Artois, Jacques Du Clercq s’émerveille : “ Depuis Pâques jusqu’à la mi-août 1466, se marièrent tant de jeunes gens des bonnes villes et des villages, au moins en la comté d’Artois et au Pays de Picardie, que les anciens disaient qu’ils n’avaient point de mémoire qu’ils n’eussent vu, en si peu de temps, faire autant de mariages ni à leurs prédécesseurs ne les avaient ouï dire. ”

Source : “ Quand flamboyait la Toison d’Or ” JF Lecat (Fayard) - Dessin : R. Cuvelier


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