Carnaval 1487 : le dernier roi de l’Epinette - R. Cuvelier

Entre une guerre et une famine, nos ancêtres faisaient la fête à outrance, sans doute en réponse à l’angoisse de leur précarité.

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Dans notre région, les fêtes étaient nombreuses au village. Il y avait les kermesses patronales à l’origine de nos ducasses ; dans nos villes, il y avait les joyeuses entrées des comtesses de Flandre ou des ducs de Bourgogne. Les grandes fêtes cycliques comme celles du Saint-Cordon, ou du Paon à Valenciennes ; la fête des Ânes, le 1er janvier, et la fête du Rosier Blanc le 1er mai à Douai.

Partout, du Dimanche gras à la Mi-Carême, il y avait le carnaval. Pendant cette période, à Douai et à Lille, se déroulait la fête de l’Epinette. Sur la Grand Place de la capitale des Flandre, les carrousels succédaient aux tournois pendant que le bourgeois, élu roi des réjouissances, offrait dans une maison signalée par les draperies aux armes de Lille, des bals et des festins au mayeur (1) et aux échevins, au rewart (2) et au conseil.

Pendant le banquet de clôture, les anciens rois désignaient le roi de l’année suivante. C’était un onéreux et redoutable privilège, surtout pendant les crises économiques. En 1349, la ville prêta 100 livres au roi Pierre Le Nepveu qui s’engagea à les remboursa en quatre années. En 1413, le roi Philippe Vreté reçut 400 livres en prêt qu’il dut rendre en vingt ans. En 1430, Philippe le Bon, grand amateur de festivités intervint pour que la ville donne chaque année 300 livres au nouveau roi, 120 livres aux jouteurs, 115 aux arbalétriers et 54 aux archers.

Pourtant, par crainte d’être choisis pour rois, des bourgeois quittaient la ville. En 1459, aucun n’avait accepté cet honneur. Le duc Philippe augmenta sa subvention à 5% du budget communal. Enorme ! Pour atteindre une somme aussi considérable, il fallut mettre des taxes sur le poisson de mer, sur les bestiaux et sur les draps fabriqués ou vendus dans la ville. En 1464, un certain Jeannin, d’Ostende, refusa quand même d’être le roi de la fête, il fut mis en prison.

Le dernier roi de l’Epinette en 1487, s’appelait Pierre Delobel. Selon la légende, la comtesse de Flandre et de Hainaut Jeanne de Constantinople aurait offert une épine de la couronne que portait le Christ le vendredi saint.

(1) agent seigneurial nommé à côté des échevins par le seigneur, pour l’assister dans l’exercice de la justice
(2) Membre de la «Loy» (magistrat) de Lille avec le mayeur, les échevins et les jurés. Il doit être bourgeois et est désigné par les échevins.

Texte : La voix du Nord- Dessin : R. Cuvelier


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